Loin, dans une contrée de Glace.. Northrend.

Ancien Nombre de messages : 71 Age : 43 Date d'inscription : 29/09/2006

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Un vieux dicton, comme un écho à loisir par les Taurens, disait qu’on se brûlait les yeux plus vite et plus sûrement en regardant au- delà du Royaume de Mulgore, en direction des terres sèches et désertiques des Tarides qu’en fixant directement le soleil géant lui-même.
Tellement son reflet sur ces étendues infinies de cet océan de feu était puissant.

Un Tauren d’âge moyen, vêtu d’un simple harnais de mineur et de vêtement de cuir, transpirait doucement à la lisière de la contrée, dans une vieille mine de cuivre qui semblait être récalcitrante à l’épreuve du temps. Ce vieux gisement était monté sur un appareillage, d’enchevêtrement de poutres en bois et de blocs de pierres, avec des galeries en son sein, creusées à même ses entrailles en de tortueux couloirs d’où le vent, s’engouffrait, relevant les poussières et les grains de roche, faisant scintiller les pierres cuivrées, encore prisonnières de la montagne et les senteurs âpres des éboulements et des amoncellements de cailloux.

Bënhoo se contentait de taper et fendre les blocs avec l’outil approprié. Il était persuadé que son instrument, ayant fait son temps, dépassait largement les limites du rôle qui lui était impartis..
Toutefois la vigueur et la force du travailleur, extirpait tout de même avec son aide, le sable, séduisant par son éclat graisseux, les petites particules abrasives. Il essuya la sueur qui lui coulait sur le front et se pencha en arrière.
Les brises caverneuses, faisaient flotter sa crinière ébouriffée et ses habits de travail tandis qu’il considérait avec sérieux sa besogne.

- Inutile de se mettre en colère envers ma pioche, se dit-il. Ce n’est qu’un morceau de bois et un vieux morceau de fer rouillé.
Tandis que Bënhoo ruminait cette sage pensée, un vacarme lointain se fit entendre, faisant trembler les parois ruisselante de la mine, des morceaux de pierre tombèrent sur sa tête et ses épaules, un pressentiment lourd de conséquence traversa son esprit..

Les volutes que vit Bënhoo en sortant en trombe du souterrain lui apportaient déjà réponse aux questions inquiétantes qu’il se posait tout au long de sa course. Il oublia même de baisser la tête à l’entrée et se cogna douloureusement.

Une fumée noire jaillissait à gros bouillon au loin, des huttes et des tipis du cantonnement de nomades..
Ce champ de bataille avait était sa maison, le seul foyer qu’il n'eût jamais connu.
Désemparé, il s’éloigna en titubant, les yeux mouillés et pas seulement à cause de la fumée. A demi-aveuglé, il se dirigea vers l’entrée extérieure de la clôture. Là aussi tout brûlait. Mais peut être son grand-père et sa sœur avaient t’ils réussi à s’échapper avec le vieux kodo..

- Neyru ! Grand-père !
Il avait du mal à distinguer quoi que ce soit à travers les buées épaisses qui lui brûlait les yeux. Il aperçut enfin deux formes fumantes, à peine visible à travers les larmes et les nuages noirs. Elles ressemblaient presque à… Il cligna de plus belle, essuyant avec colère ses yeux qui refusaient de..

- Non !
Il fit volte face, le regard baigné de globules transparents et enfonça sa tête dans ses dextres poussiéreuses pour n’avoir plus à regarder..
Les centaures sanguinaires avaient encore une fois, porté leur joug envers les siens. Il tomba inconscient, las et abruti de fatigue contre la carlingue que tirait le vieux kodo..

A présent, la créature de son enfance n’était plus qu’un canevas inerte, qui n’allait pas tarder à devenir putride, car Bënhoo vit la dépouille de la bête de son grand-père gisant dans son épais liquide rougeâtre.
Tout devint brumeux, flou et nébuleux et il rêva.. Ou peut être entra t’il dans un cauchemar.

Eclath Whitewalker s’enfonça dans l’obscurité glaciale d’un étroit couloir, semblant se fondre dans des arborescences lumineuses, brisées, lancéolées, d’un pays blanc et ombreux à la fois, intelligible.. Des bourrasques, comme des balais d’embruns tombaient en travers sur le massif individu qui luttait contre elles.
Les couleurs de métal, d’argent, d’émeraude de fushite et d’améthyste semblaient se fondre à même les montagnes colossales de cristal aux neiges éternelles.

Eclath s’arrêta un moment pour être sûr qu’il était bien à l’endroit ou les esprits le guidés dans leurs présages, ainsi que la voix de son vieil ami chaman qui résonnait dans ses songes. Il examina la puissante et pure immensité qui s’étendait devant lui, prêt à l’engloutir à la moindre anicroche et repartit.. Le brouillard de nacre lui causa une cécité presque atroce, il avait l’impression d’être dans un jeu de miroir, parfois il crut voir son reflet devant lui ou sur ses flancs.

Il n’aperçut pas la noire silhouette qui éclipsait la lumière loin derrière lui.
Cependant, le Tauren aguerri était fort troublé par les allusions qu’il avait saisies quelques instants auparavant..
Ces révélations lui avait fait naître la peur en lui, signes de mauvais augure. Sentant quelque chose, Eclath ralentit prudemment.
C’était extrêmement familier, une odeur mentale un peu brouillée qu’il n’arrivait pas bien à restituer.

Puis l’apparence s’avança au-devant de lui, bloquant ainsi le terrain de cette contrée de Northrend, plus glacial et plus brûlant que l’enfer. La taille et les contours de cette ombre terrifiante complétèrent le tableau momentanément brouillé.
C’était la maturité de l’esprit qui l’avait un instant déconcerté. Eclath sortit sa main de sa robe délabrée, l’éclat brillant de la plaque s’ajouta aux lueurs de la scène et porta naturellement celle-ci, sur le pommeau de son épée étincelante.

- Te voilà enfin, Eclathpyf du clan des marcheurs blanc, lança la menace avec solennité et un air énigmatique. Ta venue ici, te conduira aux portes de l’autre monde.. Le vieux vert, ton acrimonieux ami Troll n’est plus, la magie du vieillard c’est estompé, ta volonté à le retrouver et inutile, elle te mène ici.. C’est téméraire, mais pathétique…
Eclath sentit la satisfaction sous le casque hideux de ténèbres de sa rencontre.
Whitewalker examina la grande forme qui barrait son avancé et hocha la tête lentement. Il donnait l’impression d’être plus curieux qu’impressionné.

- Tu n’es autre que mon côté noir et je sais qui est le marionnettiste de cette chimère, il n’est autre que ce pays, Arthas court à sa perte, son retour est stupide car de nouveaux héros sont apparus et bien plus fort potentiellement que leurs aînés.

- Ton peuple fût jadis un puissant Royaume, rétorqua l’ego noir d’Eclath. Mais le temps de suivre et de savoir plus que vos ancêtres et révolu depuis longtemps et le seul et unique maître de ce monde est de retour bientôt. Et ni les Taurens, ni les Trolls, ni les Orcs et leur chef ridicule pas même cette minable Alliance ne peuvent faire quoi que ce soit, c’est votre destin..

Se souvenant de l’histoire de ce Paladin Humain corrompu, transformé en Roi-Liche, précepteur de ce noir dessein, la logique qui avait autrefois fait défaut à ce brillant élève au cœur sombre était toujours aussi absente. Eclath savait qu’il ne serait pas question de raison.
Il extirpa son épée de sa demeure et se mit en garde, mouvement qu’il accomplit avec la grâce et la facilité d’un guerrier expérimenté.
Avec plus de brutalité, l’armure noire imita son mouvement.

Durant quelques moments, les deux personnages restèrent à s’observer sans faire le moindre geste, seul le vent gelé et les poussières de diamants valsaient de manière flegmatique.

Exécutant un mouvement d’une incroyable vivacité, Eclath fonça sur son reflet noir. Ce dernier bloqua le coup facilement avec une vitesse égale et riposta d’un coup de taille qu’Eclath para de justesse.
Une parade de plus et l’Albinos attaqua à nouveau, se servant de l’occasion pour tourner autour de son alter ego Noir.
Ils continuèrent d’échanger et de se ruer de coups lourd et puissant, se percutant violemment, crosse et poing de plaque, les échanges et les interactions agressives produisaient de stupéfiant éclairs et étincelles luisantes, lucioles frénétiques et tournoyantes en une danse de mort.

Un sourd ronronnement s’éleva car chacune des armes exécutaient tout l’art de leur propriétaire, les deux adversaires tentant de subjuguer l’un l’autre.
Eclath sentait, outre le combat de son existence, une agitation tout aussi familière, une présence omniprésente et trouva le moyen de lancer un bref coup d’œil derrière lui, vers une forme qu’il reconnut spontanément dans ce cloaque étrange..

- Bën.. Bënhoo : que se passe t’il ?
Immédiatement une douleur le déracina de sa distraction, mais il réussit pourtant, à amortir le coup puissant qui le blessait à la jambe.

- Tu es habile malgré le froid qui glace tes sens, sourit machiavéliquement le noir ennemi. Mais ton pouvoir s’en va.
Eclath posa un regard plein de commisération sur son protagoniste..

- Ceci est un combat que tu ne peux gagner.
Malgré que je sache depuis le début. Depuis la perte de ma bien aimée.. Le mal à grandit et c’est développé dans mon âme et aujourd’hui, furieux de moi et de ma colère..
Je lutte donc contre tout ça aujourd’hui c’est juste et j’assume donc ma vanité. Mon affliction a mûri depuis ma solitude, mais mon moi, mon vrai moi bienveillant à aussi beaucoup progressé depuis. Si ma lame te trouve, tu cesseras d’exister et je pourrais revivre une nouvelle vie.

- Tes fadaises cherchant la rédemption ne sont plus et ne troublent plus le mal et la discorde que tu as engendraient en toi, Eclathpyf, fit le noir Tauren Eclathpyf avec mépris et exaspération.. Tu seras un chevalier noir au service d’Arthas le roi-liche ou tu mourras !

L’emprise des armes se fendit, se feintant et se lancèrent de terribles coups.
Derrière, effectivement, comme suspendu, un jeune Tauren, témoin de ce lugubre esclandre, cavalait soudainement pour rejoindre son aîné en difficulté. Un sourire naquit sur les lèvres d’Eclath comme il plongeait ses yeux dans ceux de Bënhoo qui l’avait reconnut.
Ce dernier était fasciné par les deux silhouettes au loin, épées contre épées.
L’ego Noir, emporté par son élan, arma son bras de nouveau et d’un grand mouvement circulaire, frappa son adversaire au moment où celui-ci rengainé ses lames, baissant la tête avec un sourire en coin et acceptant son funeste destin. Le coup porta, coupant l’Albinos..

Il y eut une brève lueur tandis que la robe d’Eclathpyf s’effondrait sur elle-même, ne laissant sur le sol qu’un corps sans vie.. Inerte… Sa voix ou plutôt un murmure lointain, mélancolique..

- Puisse-tu me pardonner Perdyta. J'ai échoué.. Une seconde fois...
Craignant quelque subterfuge, l’ombre noir fouilla les morceaux de tissu avec son épée ténébreuse.
Des petits éclats phosphorescents s’élevaient de l’étoffe morte, montant en l’air et disparaissant comme dans un rêve.
Subjugué par ce phénomène, le Noir Ego retrouva son esprit que lorsqu’un cri déchirant traversa les embruns.

- Eclath ! Hurlait Bënhoo. Les yeux embués de larmes.
C’est trop tard, c’est fini.

..Hébété et trempé de sueur Bën se réveilla dans les décombres encore fumeuses. Ce n’était pas un simple rêve, il le savait..

Cela se passait en même temps que lui se trouvé ici, affalé dans les escarbilles de sa sœur et de son grand-père, il murmura à voix basse.

- Les Gardiens..
Puis il resta là, sa vue regardant le vide.